16.2.07

La Môme

Hier soir (15.01.07), avec ma chérie, on est allés voir une séance secrète avec questionnaire. Noir. Apparition du titre. La salle fait: "mmmmmh" et "aaaaah". Le film commence.


C'est donc l'histoire d'Edith Gassion dite la môme Piaf. Sa vie est comme ses chansons: dramatique, fabuleuse. Tout commence à Belleville. Sa mère chante dans les rues et la laisse trainer, son père est au front. Il reviendra la sauver d'un taudis et des griffes de sa belle mère. Il l'emmènera en Normandie, dans une maison close, tenue par sa grand-mère. Entourée par toutes ses femmes elle y passera quelques temps heureuse, mais affaiblie par une infection qui lui ôte la vue.
Son père revient, ils partent ensemble sur les routes, il est contorsionniste, elle tient le chapeau. A 15/16 ans elle quitte son père pour Pigalle, pour chanter dans les rues. A partir de là, la môme s'envole…

Le film est saisissant. L'histoire est racontée à partir du début et de la fin, pour se rejoindre, à la fin du film, à un des nombreux moments marquant de la vie d'Edith. Elle a brulé sa vie par les deux bouts, le film aussi.

Cet événement, plus que tous les autres, la conduira à sa perte. Le film raconte tout, ou presque. On y croise Marlène Dietrich, on parle de Cocteau, Chaplin. Et tous ces mentors: Raymond Asso qui fera d'elle une tragédienne. Marguerite Monnot, qui lui composera plusieurs musiques. Bruno Coquatrix, qui lui donnera l'Olympia. Et surtout Louis Leplée directeur du cabaret le Gerny's.

Marion Cotillard est magistrale dans ce mètre quarante-sept. C'est très réaliste on se croirait parfois dans l'assommoir. La réalisation reste passive, c'est une biographie. L'étrangeté est que tout parait si vrai, que je ne savais plus si c'était romancé. On sort de là abasourdi par sa vie si dramatique et pourtant elle a aimé passionnément tout le long. Ses chansons restaient en témoignage, il y a maintenant ce film. Ca m'étonnerai pas que la Marion reçoive un césar…je dis ça je dis rien.

Le film sort le 14 février.

C'est très amusant les séances secrètes…

En bonus

16.1.07

A scanner darkly

Un article écrit pour feu relativement.com

Comme j'aime beaucoup écrire pour ne pas être lu, et surtout que l'idée d'être le dernier me plait grandement, j'ai décidé de vous donner une dernière review sur un thème qui m'est cher, et sur un film que j'ai fortement apprécié. C'est ainsi que je vais vous conter A scanner darkly.

Alors vite fait le plot de départ, un poil complexe mais nécessaire. Californie, 2013, Fred aka Robert Arctor (Keanu Reeves) agent de la DEA, spécialiste des missions d'infiltrations, joue les taupes auprès de ces amis.

Tous actifs utilisateurs de la substance M (substance D en vo - d for death). Tous accros, tous perdus. La substance D est une drogue parfaite dès sa conception, à la première prise le sujet deviens addicted purement et simplement, les hémisphères du cerveau se télescopent, se battent pour prendre la dominance, la réalité se brouille et bientôt vous sombrez dans un état de paranoïa meurtrier.

Dans sa combinaison de camouflage, Bob Arctor reçoit l'ordre de s'espionner (son boss et lui ne se sont jamais vu sans leur combinaison à multiple visages). Il regarde ses délires de junkies au bureau se perd en doutes, en trahison et en indécisions. Il se voit sombrer dans la paranoïa, il s'accroche à l'image de son identité qui s'effrite à chaque absorption de cette pilule rouge.

Plusieurs obstacles peuvent empêcher le spectateur d'entrer dans ce film.

Premièrement, l'aspect graphique, remarquable, qui sert avec perfection l'histoire, peut révulser tout ceux qui ne veulent pas voir leur réalité s'échapper sous leurs pieds. L'arrière plan trouble, indécis, n'est là que pour souligner l'état psychique des protagonistes, les traits changeant des visages, les perspectives changées, tout est en œuvre pour pousser le spectateur à l'état d'ivresse.

Deuxièmement, l'histoire se brouille au fur et à mesure que le film avance, plusieurs fois on peut se demander où cela va nous mener, la seule parade est de se laisser bercer par le fil de l'histoire, et d'accepter le flot de parole continu (j'y reviendrai). Si le postulat de départ et la fin peuvent être réduit en une phrase de neuf mots, les égarements de la narration, entrave la compréhension directe de l'histoire. Mais tout ceci n'est là que pour nous pousser à la réflexion à la sortie de l'obscurité.

Troisièmement, ce flot de paroles, de phrases longues, de narration, peut sembler indigeste, mais les deux seuls sens utilisés dans un cinéma sont la vue et l'ouïe.

La vue est submergée par ces images mouvantes, les scènes aux délires fantasmagoriques, la combinaison de camouflage, qui hypnotisent la salle.

L'ouïe est mise a rude épreuve, pour compléter ce besoin d'hypnose, tout le monde parle tout le temps, de la réflexion de Bob, aux explications des psychiatres en charge de vérifier l'état neurologiques des agents infiltrés, en passant par les délires des espionnés (Robert Downey Jr est magistral), le tout est un mélange dangereux pour celui qui ne se laisse pas faire, et peut vite devenir agaçant.

Dans l'obscure pièce projetant la pellicule, sur la cinquantaine de personnes partageant l'aventure avec moi, seul deux ou trois (dont votre serviteur) ont rit devant les explications paranoïaques des observés, la complexité de leurs raisonnements énormément dérangés par la substance, le sérieux en deviens humoristique, seulement pour ceux qui l'accepte. (J'ai un peu laissé traîner mon oreille à la sortie pour ne pas prendre en compte que mon seul avis).

Bref un bon film, une belle expérience, une joie et une dernière note de gaité pour ce site mourant que j'ai beaucoup aimé dans l'ombre de mon pseudo.